Le Portugal a été pendant plusieurs années, par des raisons historiques, culturelles et géographiques, loin de l'architecture européenne.
Cette condition marginale a été déterminante pour le développement de ses propres caractéristiques, et aujourd'hui elles sont internationalement reconnues à l'architecture portugaise. L'État Nouveau, régime totalitaire d'inspiration fasciste, qu'au Portugal a eu une durée d'environ cinquante ans (1972/1974), est venu mettre un terme à très peu d'expériences modernistes qui se sont produites pendant la première moitié du XXème siècle, en créant un langage propre du classicisme et monumental pour dignifier le pouvoir politique. Mais la volonté de trouver l'essence de l'architecture portugaise, toujours présente, permet que, dans les années 50, Keil de Amaral, avec le jeune architecte de Porto, Fernando Távora, se proposent la tâche de faire un Sondage à propos de l'Architecture Populaire Portugaise. La publication du Sondage, se réalise en 1961, en simultanéité avec la contestation au Mouvement Moderne qui en ce moment-là était en train de se réaliser au CIAM (Congrès International d'Architecture Moderne).
Ce document et la réflexion qu'il provoque, se révèle d'une importance fondamentale non seulement pour Fernando Távora et pour les architectes de sa génération, mais aussi pour les générations futures. On peut affirmer que se fut cette rupture avec la tendance d'homogénéisation de l'International Style, que les "auteurs" se sont différenciés d'une façon marquante, si variés comme les formes que chaque architecte trouve pour résoudre un projet, en l'abordant comme étant une opportunité unique de réponse spécifique à chaque contexte, toujours singulier. C'est dans cette ambiance que, parmis les architectes nés dans les années trente, surgit la figure incontournable de Álvaro Siza Vieira. Avec ses premières œuvres, les maisons de Matosinhos, la Maison du Thé de Boa Nova (Casa de Chá da Boa Nova), la Quinta de Conceição (en collaboration avec son professeur de l'École de Porto, Fernando Távora) et les piscines de Leça, restent registrés les prémisses d'un parcours promettant, dans lequel la sérénité de l'intégration de la nouveauté inévitable de la création architectonique contemporaine se fixe dans le lieu marqué par la tradition et par la géographie, en conciliant la vangarde et le vernaculaire, "où le langage est à peine un murmure" (Siza 1991).
Avec la révolution du 25 avril de 1974, qui est venu mettre fin à un régime totalitaire, ont surgit d'importants changements non seulement dans le système politique, mais aussi dans l'économie, dans la société et dans la culture. À ce procès de transformation apparairent associés une augmentation d'intérêt social et une reconnaissance institutionnelle progressive du rôle de l'architecture, qui ont offert d'importantes opportunités de projet aux nouvelles générations d'architectes.
On assiste alors dans les années 80 et 90 à un "boom" constructif, accompagné par quelques bons exemples d'édifices, généralement d'initiative publique, auxquels on reconnaît une grande qualité architectonique. C'est à ce moment-là que quelques architectes, de générations plus récentes, ont l'opportunité de construire des édifices emblématiques, en s'affirmant incontestablement dans le milieu architectonique national et international: Eduardo Souto Moura, Gonçalo Byrne, João Luís Carrilho da Graça… Dans ces dernières années, la réapparition de la discipline urbanistique, écartée du contexte portugais depuis les années soixante, est venue recentrer l'œuvre architectonique dans le contexte urbain, provoquant une plus grande conscience critique, non seulement du milieu professionnel mais aussi de l'administration locale et de la population en général.
Conséquemment, dans ces dernières années, apparaît une nouvelle compréhension de l'idée de qualité urbaine, qui commence à ne pas être seulement fixe dans la somme total des objets architectoniques isolés, mais qui se concrétise dans les interventions sur l'espace publique et dans des opérations de récupération urbaine, dans les centres historiques ou dans les périphéries déqualifiées. Ces interventions constituent d'intéressantes expériences, soi du point de vue strictement disciplinaire soit du point de vue du procès de politique urbaine. Les expériences comme la Quinta de Malagueira à Évora, la Reconstruction du Chiado, l'Expo 98, la réhabilitation urbaine du Centre Historique de Guimarães ou les interventions en cours à propos du Programme Polis, sont exemple de ceci.
L'Architecture portugaise est actuellement vue sous un progressif intérêt par l'Europe et par le Monde, comme le témoignent plusieurs articles et livres publiés, sur l'Architecture portugaise dans sa globalité et sur ses plus remarquables représentants : Fernando Távora, Álvaro Siza et Eduardo Souto Moura.